5 octobre 2010

'Après les Chambres' Juan Mendizabal

Nous avons un grand plaisir de vous convier au vernissage de l'exposition peersonnelle de Juan Mendiozabal qui a lieu au mardi 12 à partir de 18 heures.







Après les Chambres

Le roi dans le palais des courants d’air



Depuis 1996, Juan Mendizabal peint Les chambres, série de peintures constituant peu à peu les différents espaces d’un palais imaginaire qui n’aurait aucun mur ou plafond droit. De ce palais ne subsiste sur la surface sensible de la toile que des plans bancals peints de couleurs différentes, qui bien que variées restent bloquées dans les tons pastel et nous mettent mal à l’aise, pour une raison obscure.

Pour l’artiste, les couleurs dont sont habillés ces espaces contribuent à créer un sentiment d’anxiété ou de malaise vis à vis de ces chambres peu accueillantes. En effet, la gamme colorée travaillée par le peintre est presque essentiellement choisie dans les tons pastel commercialisés par les marques de peinture en bâtiment les plus décoratives. En effet, Mendizabal a longtemps peint ses toiles au rouleau avec les peintures brutes de ces marques venant du rayon bricolage, mais il se tourne aujourd’hui vers d’autres types de peintures tel que la gouache ou l’huile, qu’il trouve plutôt au rayon beaux-arts.

Les peintures industrielles, il les a choisies sciemment dans les coloris pastels afin qu’ils nous renvoient aux espaces publics peints maladroitement de couleurs discordantes correspondants à l’idée qu’un conseiller municipale peut se faire de la joie douce. Ce choix tend à créer chez le spectateur un sentiment lié à l’expérience qu’il a pu avoir de ces espaces publiques. Le sentiment de malaise revient souvent chez les spectateurs de cette peinture, tant ces toiles nous ramènent vers des lieux où l’on ne va que contraint et forcé : hôpitaux, maison de retraite, hôtel des impôts. Cependant, il semblerait que cette peinture puisse aussi nous pousser vers un sentiment de bonheur diffus lié à d’autre de ces espaces tels que les écoles.

Ce palais nous est donné à voir parfois de l’intérieur, mais également de l’extérieur à travers de noir fenêtre, qui sont de l’aveu même de l’artiste une référence au parapet de La belle ferronnière de Léonard de Vinci. Ce jour aménagé dans la toile nous place en position de voyeurs de ces étranges espaces. Pour Mendizabal, cet espace impénétrable correspondrait à une salle de jeu à l’intérieur de laquelle il jouait souvent enfin, mais dont il ne garde qu’un souvenir visuel de l’avoir observé par la fenêtre depuis l’extérieur. La thèse d’une expérience originelle, ou d’un traumatisme parait bien faible, mais elle peut se justifier dans la mesure où l’art peut apparaître comme une vengeance, ou plutôt, dans le cas de Mendizabal, comme la reproduction inexacte et maladroite d’un sentiment perdu dont le souvenir idéalisé nous hante.



Antoine Lefebvre
Artiste/ éditeur

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